La tension des maîtres est contagieuse !

Comment aider votre chien à déstresser

Notre vie quotidienne est devenue une éternelle course contre la montre, les moments de repos se font de plus en plus rares. Il n’y a pas que nous, les humains, qui souffrons du stress causé par notre rythme de vie : nos chiens éprouvent également du stress ! Voici comment les aider.

Le stress est mauvais pour la santé des chiens

Une étude à l’université hongroise de Budapest, spécialisée dans le comportement canin, vient de le montrer : le stress peut nuire à la santé des chiens. Lors de l’étude, 16 chiens étaient exposés à des situations soit positives soit négatives. Dans le premier groupe, les maîtres invitaient les chiens à jouer et les caressaient longuement. Dans le deuxième groupe, les maîtres tenaient les chiens en laisse en les ignorant. Ensuite, grâce à l’imagerie médicale, l’activité cérébrale des chiens a été mesurée : les chiens qui avaient vécu la situation négative se couchaient plus tôt, et les phases de leur sommeil profond étaient plus courtes que chez leurs congénères plus heureux, ce qui signifie que leur sommeil était moins réparateur. Or, un bon sommeil est chez les chiens tout comme chez les humains, une des bases d’une bonne santé.

Le chien a besoin de repos

Tout comme des parents qui envoient leurs enfants après l’école à des cours de musique, de rattrapage ou de chinois, beaucoup des maîtres croyant bien faire, proposent à leur chien un programme intense pensant qu’il a besoin d’activités constantes pour ne pas s’ennuyer. Sur le moment, le chien va suivre, jouer avec la balle, sauter les obstacles installés au jardin ou au salon, faire ensuite un jeu d’intelligence, apprendre un truc et partir à la fin en promenade; mais il finira énervé et stressé par toutes ces sollicitations ! Certes, un chien a besoin de stimulation, mais pas d’un programme de loisirs prolongé.  Il a besoin de 18 à 20 heures de repos par jour. Même les chiens de travail ne sont sollicités que deux heures d’affilé en moyenne.

Notre stress se transmet à nos chiens

Le stress fait partie de notre vie, des périodes de stress sont même bénéfiques pour notre cerveau, à condition d’être d’une durée limitée, et d’être suivies par des périodes de repos. Quand le stress s’installe dans la durée, notre organisme tout entier en souffre, nous sommes fatigués, énervés, tendus.

Nos chiens vivent très près de nous, ils nous observent sans cesse, et notre comportement les influence directement. Notre stress agit sur eux d’une façon contagieuse.

Les symptômes de stress chez le chien

Observez votre chien dans des situations où vous êtes soumis à des tensions, où vous agissez énervé, dans l’urgence, sans prendre du temps à vous accorder une pause : votre chien montrera certainement quelques symptômes du stress, par exemple :

Il se lèche constamment la gueule, il halète, il se gratte, il gémit ou il vocalise, il est inquiet, sa queue est baissée e recourbée comme chez un mouton, les pattes arrière sont légèrement pliées.

Un chien stressé ne peut rien apprendre

Les tentatives d’éduquer un chien stressé sont vouées à l’échec, et mieux vaut permettre au chien de se détendre avant d’essayer de lui apprendre une nouvelle leçon. Sinon, le chien va enregistrer cette leçon en tant qu’expérience négative et perdra la motivation de continuer. Évitez de travailler avec votre chien quand vous êtes stressé.

Le programme antistress ? Des pauses communes !

Instaurez une routine de détente. Prenez le temps, le soir, de décompresser en compagnie de votre chien : asseyez-vous simplement à côté de lui et caressez-le tranquillement, s’il apprécie, insistez un peu en massant son poitrail, ses flancs, derrière ses oreilles, à côté de sa gueule. Ces instants feront   du bien à lui comme à vous ! Attention certaines caresses peuvent avoir des significations différentes que vos pensées.

Tel maître, tel chien !

Le comportement de nos chiens dépend très souvent de notre attitude et de nos émotions face à des situations particulières : selon un grand nombre d’études, les chiens réagissent comme notre miroir !

 

Les chiens sont comme nous des animaux très sociaux, capables de relations émotionnelles fortes avec leurs maîtres humains. Les liens étroits que nous établissons avec nos chiens, les émotions profondes que nous éprouvons à leur égard et le sens d’observation des chiens qui enregistrent le moindre de nos gestes, la moindre variation dans notre voix, expressions de notre ressenti parfois même inconscient, les odeurs (phéromones),sont extraordinaires. Le revers de la médaille : nos chiens s’aperçoivent de beaucoup de choses à notre sujet que nous n’aimerions pas révéler au grand jour !

Ils détectent nos sentiments profonds

L’image qu’ont nos chiens de nous ne correspond pas forcément avec celle que nous avons de nous-mêmes et surtout que nous montrons aux autres !

Quand nous disons gentiment « bonjour » au voisin peu apprécié, le chien enregistre la voix joviale, mais également la posture tendue de notre corps, la respiration plus plate, peut-être même un imperceptible coup sur la laisse qui expriment inconsciemment notre pensée : « pourvu qu’il ne s’approche pas, et pourvu qu’il ne commence pas l’une de ces conversations barbantes ! » Peut-être que le chien commence à cet instant à aboyer en direction du voisin, pour lui dire, formulé « -en humain » : « fou le camp, à chaque fois que mon maître te voit, il est énervé ! »

Notre humeur influence leur comportement

Quand nous sommes tendus, pendant la promenade du soir, parce que la journée a été difficile, le même chien qui le matin marchait en laisse sans tirer, suivait sans trainer et s’arrêtait parfaitement discipliné à la commande « stop » près d’un carrefour, sera énervé, tirera sur la laisse en essayant de partir dans toutes les directions et aura besoin de trois commandes « assis » avant d’obéir ! Ce n’est pas lui qui a oublié les bases de son éducation : c’est nous qui lui transmettons notre stress !

Maitres sereins, chiens peu stressés !

Plusieurs études confirment cette observation que feront les maîtres attentifs au comportement de leur chien lors des promenades communes : la gestion du stress chez les chiens dépend du comportement de leurs maîtres. Une grande étude menée à l’université de Vienne a exposé plus d’une centaine de chiens de famille accompagnés de leurs maîtres dans différentes situations pour analyser comment la gestion du stress par les chiens était influencée par cette même gestion du stress par leurs maîtres.

Le résultat : les chiens font face beaucoup plus facilement à des situations difficiles pour eux quand leurs maîtres se montrent équilibrés, sereins, aimables. Le stress des chiens est plus grand quand ils ont affaire à des maitres nerveux, peu sûrs d’eux, souvent tristes ou mécontents. « Les chiens sont en quelque sorte le reflet de leurs maîtres », résume le directeur de l’étude, le chercheur Kurt Kotrschal.

Ils donnent raison à nos attentes inconscientes

La longue histoire commune des chiens et des humains a doté les chiens d’une faculté d’observation qui leur permet de s’apercevoir de la moindre nuance dans notre langage corporel voix, et surtout, de la cohérence entre notre voix et nos gestes.

Quand on rappelle son chien parti à la poursuite d’un pigeon avec la conviction résignée qu’il reviendra seulement quand il en aura envie, il nous donnera raison ! Et quand nous voyons arriver une personne avec en laisse un chien qui nous paraît peu rassurant, il y a de fortes chances que notre chien d’habitude très sociable sera tendu de son côté et l’exprimera en aboyant.

Et non, ils ne sont pas racistes !

Par ailleurs, les plaisanteries douteuses du genre « mon chien n’aime pas les gendarmes » ( ou les étrangers, les fauteuils roulants, les vieux… ) traduisent également non pas un « racisme » quelconque du chien. Mais plutôt l’émotion de leur maître lors de ce genre de rencontre…

 

“Mon chien est un dominant “

Le malentendu le plus fréquent quant au comportement des chiens ? C’est celui de la domination.

Il y a tout d’abord cette théorie ancienne, encore très présente dans les esprits, que le chien serait comme le loup, vivant dans une meute organisée selon une hiérarchie très stricte, avec le dominant mâle « alpha », accompagnée d’une femelle dominant les femelles« bêta »,  et les autres mâles et femelles qui n’auraient rien d’autre en tête que de disputer leur place aux  deux dominants.

Cette théorie était basée sur l’observation des loups vivant en captivité, où les meutes étaient composées artificiellement. Depuis qu’il est possible d’observer les loups vivant en liberté, composées par des familles, les comportementalistes ont pu constater que dans une meute, les deux parents guident et  enseignent les louveteaux,  assistés par des frères et sœurs ainés, sans qu’il y ait de lutte pour le rôle du guide.

Un chien n’est pas un loup !

Qu’est-ce que cela signifie pour nos chiens ?  Tout d’abord, les chiens ne sont pas des loups. Ils vivent avec les humains depuis des millénaires et ont évolué en conséquence. Au contraire du loup, le chien veut coopérer avec l’humain. Et il accepte naturellement que c’est l’humain qui le guide dans cette coopération.

Guider ne signifie pas dominer !

Dans une relation saine et bienfaisante pour le chien, c’est l’humain qui le guide. Le chien a d’autant plus besoin d’être guidé, que notre vie motorisée, technicisée, bruyante, a fait perdre des repères pas seulement aux chiens mais également aux humains !  Nous ne vivons plus  avec nos chiens dans des fermes d’un autre temps, où à la rigueur, le chien pouvait se sentir capable de prendre des décisions nécessaires face aux situations qu’il rencontrait qui étaient générées par des animaux ou des humains et non pas par des engins.

Une hiérarchie de groupe entre … chiens !

Quand plusieurs chiens se rencontrent et sont censés d’agir ensemble, comme par exemple lors d’un cours d’éducation ou d’un jeu commun, une hiérarchie s’installe entre eux, comme dans tout groupe d’êtres vivants intelligents : il y a celui qui s’impose par sa taille, sa force ou son intelligence comme le « plus fort », et les autres ont à l’accepter, si nécessaire, au prix d’un coup de croc.

Un dominant ? Ou plutôt un mal éduqué ?

Les maîtres de chiens qui désignent leur chien comme « un dominant », parlent en réalité  de choses très différentes : soit leur chien se comporte d’une façon indisciplinée. Soit il défend avec véhémence sa gamelle ou son jouet. Soit il se montre agressif face à ses congénères. Ou bien il n’obéit pas aux ordres des maîtres. Tout cela n’a rien à voir avec de la « domination » ! Mais plutôt avec de l’éducation. Ou plutôt avec le manque d’éducation !

La domination n’est pas un trait de caractère

D’un point de vue scientifique, La domination ne décrit pas le caractère d’un individu, mais une forme de relation entre deux individus. Dans certaines situations, l’individu A prend certaines libertés face à l’individu B, acceptées par ce dernier sans contester. Ce genre de relation permet d’éviter des conflits récurrents concernant des ressources ou des privilèges.

Elle n’est pas figée : un individu peut être « dominant » dans une situation et accepter le rôle de « dominé » dans une autre.

Quand un chien se montre agressif envers ses congénères, quand il montre à ses maîtres  les crocs dès qu’ils approchent de sa gamelle, ou quand il fait en général ce qu’il  veut, ce n’est pas qu’il est dominant. C’est un chien qui n’est pas éduqué. Par conséquence, c’est un chien stressé qui est mal à l’aise face à des maîtres qui ne jouent pas leur rôle de guide.

Bon à savoir : un chien peut être amené à changer de comportement et apprendre des « bonnes manières » jusqu’à un âge avancé – grâce aux conseils d’un éducateur canin professionnel.